Day 15 : libellules

Mon appartement de Carroll Gardens est plein de libellules. Non pas des libellules réelles, mais des dessins un peu partout dans toutes les pièces.

New York est une ville pleine de libellules. Vous trouverez des dessins de ces petits insectes dans les bars, boutiques, restaurants, sur des colliers, des bracelets…

Dans le monde occidental, les libellules sont le symbole de la chance et de la réussite. Pour moi, la libellule a une autre signification. C’est le symbole de tout ce que je vis pendant mes trois semaines à NY. C’est le symbole de mon rêve et celui de cette ville.

Une de mes grandes peurs en revenant en Europe est d’oublier tout ce que je souhaite entreprendre. Lorsque vous êtes dans la routine, vous oubliez souvent qui vous êtes, ce que vous souhaitez et vous vous persuadez que votre seul chemin est de travailler dans un bureau, aller à la salle de gym et retourner chez vous le soir. Vous oubliez que vos désirs peuvent devenir réalité et les mettez dans un coin de votre tête en stand-by.

Je ne veux pas que la monotonie de ma vie me fasse oublier mes rêves.

Pour cette raison j’ai décidé de faire quelque chose. Une idée un peu folle pour beaucoup de personnes, mais qui pour moi signifie TOUT. J’ai décidé de me tatouer une petite libellule sur le poignet gauche ; ainsi, à chaque fois que je le verrais au travail, chez moi ou n’importe où, je n’oublierez pas qui je suis, quel est mon rêve et qu’il est à portée de main.

Pour mon day 15, j’ai décidé de faire un tour au West Village et de rechercher un centre de tatouage décent.

Dans le premier centre où je suis entrée, le tatoueur n’a pas voulu le faire, car un artiste réputé ne tatoue pas de tout petits dessins comme celui que je veux. Comme je ne me voyais pas cohabiter avec une super libellule et que je recherchais quelque chose de beaucoup plus simple, je suis partie à la recherche du tatoueur numéro 2.

En passant sur la rue Macdoughal, je suis entrée chez Addiction Tattoo (116, MacDougal Street). Un homme de 35 ans, très beau, tatoué de la tête aux pieds avec un chapeau cool m’a souhaité la bienvenue. Je lui ai expliqué le type de tatouage que je souhaitais et il m’a dit la même chose que le tatoueur numéro 1. En insistant encore et encore, expliquant que je voulais juste quelques lignes sur mon poignet, il a commencé à dessiner des libellules jusqu’à ce que tout d’un coup il s’exclame : « je peux t’en tatouer une de cette taille mais pas plus petite ». Lorsque j’ai vu ma mini libellule, j’ai su que c’était la mienne. J’ai accepté le dessin et le prix, puis 5 minutes après j’étais sur cette chaise à imaginer mon père demander à ma mère : « je me demande ce que Bianca est en train de faire en ce moment ». Ils seraient bien loin de s’imaginer que leur fille de 31 ans était sur une chaise en train de se faire tatouer un insecte à quelques centimètres des veines.

Le poignet est une zone sensible et je dois reconnaitre que ça n’a pas été agréable. Après avoir terminé, il m’a mis une bande puis je suis sortie. J’ai quand même pris soin de cacher la bande pour que les gens ne pensent pas que j’étais une fille suicidaire et dépressive.

En arrivant à la maison, je me suis enlevée la bande et elle était là, ma libellule ! Quelle émotion !!

Ce soir j’étais invitée chez Ana, une copine de Barcelone que je n’avais pas encore pu voir depuis que j’étais à New York. Pendant un mois elle logeait dans un loft de Cedar Street. Sur une des grandes baie vitrées il y avait un album de photos faites par le propriétaire, un ami photographe d’Ana. L’album reprend tout ce qu’il a vécu dans cet appartement pendant le 11S car la vue donnait directement sur le Wall Street Center. Ce salon a été recouvert par des montagnes et des montagnes de cendres. Toutes ses photos m’ont données des frissons, je ne pouvais même pas croire que cet appartement était resté debout avec la chute des tours jumelles. Dans la cuisine il y avait un vase plein de ces cendres historiques.

Ana avait invité près de 20 amis à elle. La moitié vivaient ici et l’autre était de visite tout comme moi. Durant la fête j’ai rencontré une homme, espagnol, 30 ans, étudiant en neurologie et résident à NY. Nous avons parlé un petit moment et je dois reconnaitre que si je n’avais pas été de visite, je lui aurais demandé son numéro de téléphone pour aller boire quelque chose un de ces jours. Il m’a paru une personne très intéressante, mais ma timidité m’a empêcher de le faire.

Après avoir passé 5 heures dans cet appartement, il était déjà 1 :30h du matin et j’ai décidé de retourner à Brooklyn. Je me suis aventurée à prendre le métro à cette heure-ci.

En arrivant à l’arrêt et en passant ma Metrocard, j’ai pu noter qu’elle était expirée. J’ai sorti mon petit porte monnaie mais aucune des machines ne fonctionnait. Il n’y avait personne et je ne pouvais pas non plus passer derrière quelqu’un. Après quelques minutes à rester sans savoir quoi faire 2 femmes noires immenses sont arrivées à l’arrêt. Je leur ai demandé si je pouvais passer avec elles car les machines ne marchaient pas. L’une d’elles me regarda et lança un“Whatever”…En me mettant avec elle dans l’entrée giratoire mon sac est resté bloqué et nous ne pouvions pas avancer. J’ai tiré sur mon sac pour pouvoir enfin entrer dans le métro sous le regard de la femme qui disait en criant…Damm White Chick.

En arrivant à la maison j’ai souhaité bonne nuit à ma mini-libellule, un symbole protecteur qui me guidera vers tout ce que je souhaite réaliser.

Gaela

Auteur de Seule à New York Gaela Le Janne

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